DERNIÈRE MISE À JOUR : 01.07.2023
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REQUIN PÈLERIN
REQUIN PÈLERIN
Cetorhinus maximus
Cetorhinus maximus
Le requin pèlerin est le deuxième plus grand requin et poisson au monde et le seul membre de la famille des Cetorhinidae. On le trouve près de la côte dans les eaux septentrionales et tempérées où il est souvent observé se nourrissant à la surface. Dans l’est du Canada, il rejoint de façon saisonnière Terre-Neuve et le Labrador au nord et l’estuaire du Saint-Laurent à l’ouest.
Malgré sa taille énorme, le requin pèlerin ne représente aucune menace pour l’homme puisqu’il se nourrit de plancton. C’est un filtreur, se servant uniquement de son mouvement vers l’avant et de sa large bouche pour capturer le plancton tout en nageant à une vitesse d’environ 2 nœuds (3,7 km/h). On ne sait pas où les spécimens canadiens passent l’hiver, bien que des individus marqués en Nouvelle-Angleterre pendant l’été aient nagé aussi loin au sud que le Brésil¹. Quelques sources historiques affirment que le requin pèlerin hiberne au fond de la mer durant l’hiver, y compris dans le Saint-Laurent. Cette idée a été démystifiée en 2003 lorsque des scientifiques de la Marine Biological Association (Royaume-Uni) ont découvert que le requin pèlerin se nourrissait en fait de plancton à des profondeurs allant jusqu’à 900 m pendant la saison froide².
La population de l’Atlantique Nord, y compris les requins individuels qui se rendent dans le Saint-Laurent, est beaucoup plus nombreuse que le nombre de requins pèlerins dans le nord-est du Pacifique. Entre autres explications, la population de la Colombie-Britannique a failli être chassée jusqu’à l’extinction au milieu du XXe siècle, car elle était considérée comme un concurrent pour les pêches lucratives³.
¹ Skomal, Gregory B.; Zeeman, Stephen I.; Chisholm, John H.; Summers, Erin L.; Walsh, Harvey J.; McMahon, Kelton W.; Thorrold, Simon R. 2009. Transequatorial Migrations by Basking Sharks in the Western Atlantic Ocean. Current Biology. 19 (12): 1019–1022.
² Sims, DW; Southall, EJ; Richardson, AJ; Reid, PC; Metcalfe, JD (2003). Seasonal movements and behaviour of basking sharks from archival tagging: no evidence of winter hibernation. Marine Ecology Progress Series. 248: 187–196.
³ Wallace, S., Gisborne, B. 2006. Basking Shark. The Slaughter of BC’s Gentle Giants. New Star Books, 92 p.
Ordre – Lamniformes
Famille – Cetorhinidae
Genre – Cetorhinus
Espèce – C. maximus
NOMS
NOMS
Nom scientifique : Cetorhinus maximus (monstre marin avec un grand nez) — Cetorhinus: dérivé des mots grecs [ketos] = monstre marin, et [rhinos] = nez; maximus: latin = grand.
Noms communs : Requin pèlerin, squale pèlerin, squale géant, éléphant de mer, poisson à voiles.
Noms anglais : Basking shark, elephant shark, bone shark, nurse fish, sunfish, sailfish, hoe-mother.
DESCRIPTION GÉNÉRALE
DESCRIPTION GÉNÉRALE
• Deuxième plus gros poisson au monde pouvant mesurer jusqu’à 12 mètres.
• Couleur grisâtre et souvent marbrée.
• Museau conique pointu et très grandes fentes branchiales.
• Grande nageoire dorsale triangulaire souvent visible à la surface suivie de l’extrémité supérieure de la nageoire caudale (queue). Deuxième nageoire dorsale beaucoup plus petite.
• Se nourrit souvent en surface avec la gueule grande ouverte pour filtrer le plancton.
• Peut se propulser entièrement hors de l’eau tel un rorqual à bosse, possiblement pour signaler sa présence à ses congénères.
• Se regroupe parfois avec plusieurs autres individus pour nager dans un patron circulaire possiblement associé à la reproduction.
• Présence saisonnière dans le Canada atlantique et au Québec, y compris dans l’estuaire du Saint-Laurent.
¹ Rudd, J.L., Exeter, O.M., Hall, J. et al., 2021. High resolution biologging of breaching by the world’s second largest shark species. Sci Rep 11, 5236.
² Harvey-Clark, C. J., W.T. Stobo, H. Helle and M. Mattson, 1999. Putative mating behaviour in basking sharks of the Nova Scotia coast. Copeia, 780-782.
TAILLE & APPARENCE
TAILLE & APPARENCE
Longueur maximale : jusqu’à 12 m¹
Longueur à maturité : 7 à 11 m
Poids : jusqu’à 4 500 kg³
Le requin pèlerin est le deuxième plus grand requin et poisson au monde, mesurant jusqu’à 11 m de long. Vu de la surface, il est souvent confondu avec une baleine ou un requin blanc. Et malgré sa taille gigantesque, il peut complètement bondir hors de l’eau pour se débarrasser des parasites, notamment des lamproies marines. Ce comportement rarement observé dans le Saint-Laurent a été signalé dans la baie de Percé en juillet 2001. Lorsque le requin pèlerin ouvre la bouche, sa tête prend des proportions gigantesques. Son foie est égal à 25 % de son poids corporel et aide à maintenir la flottabilité de cet énorme poisson.
« La première vue claire et complète d’un requin pèlerin est terrifiante. On peut parler avec désinvolture de poissons de vingt, trente, quarante pieds de long, mais tant que l’on ne regarde pas un requin pèlerin adulte vivant dans une eau claire, les chiffres sont dénués de sens et sans implication. La masse semble tout simplement incroyable. Il n’est pas possible de considérer ce que l’on regarde comme un poisson. C’est plus long qu’un bus londonien ; il n’a pas d’écailles comme les poissons ordinaires ; ses mouvements sont gigantesques, pesants et inconnus ; il semble une créature d’un monde préhistorique, dont la première vue est aussi inattendue et, à certains égards, aussi choquante que celle d’un dinosaure ou d’un iguanodon. »
— Gavin Maxwell, Harpoon Venture, 1952.
¹ California Fish and Game, 73 (3): 163–168, figs 1–3.
² Compagno, L., Dando, M., Fowler, S. 2005. Sharks of the World. Collins, 368 p.
³ Pregnant White Sharks and Full-Term Embryos from Japan. In: Klimley, A.P. & Ainley, D. (Eds.) Great White Sharks. The biology of Carcharodon carcharias: 139–155.
Refutation of lengths of 11.3, 9.0, and 6.4 m. attributed to the white shark, Carcharodon carcharias. DISTRIBUTION
DISTRIBUTION
Le requin pèlerin se trouve dans presque tous les océans du monde. Son habitat américain s’étend de l’Atlantique Nord au large de Terre-Neuve à l’Atlantique Sud. Au Québec, le requin pèlerin se retrouve dans le golfe et l’estuaire du Saint-Laurent en été et en automne. Il est fréquemment observé au large de la péninsule gaspésienne, notamment dans la baie des Chaleurs, où les plaisanciers et les pêcheurs signalent de plus en plus les rencontres avec les pèlerins en publiant des vidéos et des photos sur les réseaux sociaux. Des spécimens ont été capturés par des chalutiers en plein hiver, ce qui pourrait indiquer qu’un certain nombre demeure dans le golfe du Saint-Laurent toute l’année. Un requin pèlerin marqué au Royaume-Uni a même été suivi par satellite alors qu’il traversait l’Atlantique Nord à la nage, atteignant presque la côte du Labrador.
Pendant le transit du requin dans l’Atlantique Nord, il a parcouru une distance horizontale de 9 589 km et a atteint une profondeur record de 1 264 m. Ce résultat fournit la première preuve d’un lien entre les populations européennes et américaines et indique que le requin pèlerin utilise des habitats en eau profonde au-delà du plateau continental.
— Gore et al. 2008
(BELOW) Provisional distribution of the basking shark, Cetorhinus maximus, in the St. Lawrence and Atlantic Canada, based on research by the St. Lawrence Shark Observatory. Basking shark observations have recently become so frequent that only historical and select cases are posted to illustrate overall range. This map is updated with new and historical data on an ongoing basis. Map does not include data from the U.S. except borderline cases. To submit additional sightings or captures, please contact us. Click on icons for observation details.
DENTITION
DENTITION
Bien qu’il soit exclusivement filtreur, le requin pèlerin a des centaines de petites dents dans ses mâchoires supérieure et inférieure. Les dents sont si petites qu’elles ne sont pas apparentes à moins d’être observées à une courte distance sur une carcasse. Les dents peuvent aider les embryons de requin pèlerin en gestation à se nourrir des ovules non fécondés de la mère (oophagie) avant de passer à l’alimentation par filtre après la naissance¹.
¹ Martin, R. Aidan. Biology of the Basking Shark (Cetorhinus maximus). ReefQuest Centre for Shark Research.
PROIES
PROIES
Le requin pèlerin se nourrit principalement de plancton composé de petits poissons et d’invertébrés. Il peut filtrer jusqu’à 2000 tonnes courtes (1800 t) d’eau par heure, en s’appuyant uniquement sur le flux passif d’eau traversant son pharynx alors qu’il nage à une vitesse d’environ 2 nœuds (3,7 km).
L’eau chargée de plancton pénètre dans la bouche grande ouverte du requin où elle est filtrée par les branchiospines situées dans les fentes branchiales.
REPRODUCTION
REPRODUCTION
Le requin pèlerin est ovovivipare. Les embryons se nourrissent d’un sac vitellin et plus tard d’ovules non fécondés (oophagie), en utilisant éventuellement leurs dents qui ne sont plus utiles après que le requin est passé à l’alimentation par filtration¹. On pense que la gestation dure jusqu’à trois ans. Les chiots naissent complètement développés à 1,5 à 2 mètres. La taille de la portée est d’environ 6 petits (une seule femelle gestante a été capturée) tous les 2 à 4 ans. On pense que l’accouplement et la mise bas se produisent en eau peu profonde en été.
¹ Martin, R. Aidan. Biology of the Basking Shark (Cetorhinus maximus). ReefQuest Centre for Shark Research.
ESPÉRANCE DE VIE
ESPÉRANCE DE VIE
La durée de vie du requin pèlerin pourrait atteindre jusqu’à 50 ans¹.
¹ Laboratoire de recherche sur les requins du Canada atlantique – Pêches et Océans Canada (MPO)
ATTAQUES
ATTAQUES
Selon le Registre canadien des attaques de requins, aucune attaque délibérée contre des humains n’a été attribuée au requin pèlerin. La plupart des incidents connus ont impliqué des humains qui se sont trop rapprochés et ont été touchés par la nageoire caudale (queue) ou sont entrés en contact avec la peau du requin. La peau est recouverte de gros denticules dermiques qui ont parfois blessé des plongeurs et des scientifiques¹.
¹ Florida Museum of Natural History. Discover Sharks – Cetorhinus maximus.
PÊCHERIES
PÊCHERIES
Le requin pèlerin n’est pas chassé au Canada ni aux États-Unis et de nombreuses pêches dirigées dans le monde ont fermé. Quelques pêcheries existent encore sur les marchés asiatiques où le requin pèlerin est chassé pour son huile de foie, sa viande, son cartilage et ses nageoires. Un grand nombre est également capturé comme prise accessoire et pour le commerce illégal des ailerons.
Le requin pèlerin a été délibérément chassé jusqu’à sa quasi-extinction par les navires de patrouille du gouvernement et les pêcheurs de la Colombie-Britannique au milieu du XXe siècle, car il était considéré comme un concurrent pour les pêches lucratives.
« Cette année, à partir de quinze jours avant l’ouverture de la saison, il est prévu d’envoyer une expédition punitive contre les requins. Elle sera occupée par des hommes avec des fusils, et il aura des bateaux avec des proues tranchantes et une bonne vitesse. Ces bateaux vont percuter et tailler les requins. La mort peut alors venir aux requins ainsi attaqués. On s’attend à ce que le sang des requins abattus en chasse d’autres comme il l’a fait dans le passé.
— The Province, February 3, 1943, p. 25.
STATUT
STATUT
La population de l’Atlantique du requin pèlerin est répertoriée comme espèce préoccupante par le COSEPAC (Comité sur la situation des espèces en péril au Canada).
Jeffrey Hay Gallant, MSc, est le fondateur et directeur scientifique de l’Observatoire des requins du Saint-Laurent et chercheur doctorant à l’UQAM. Il a fait sa première observation de requin à Peggy’s Cove en 1975, sa première plongée avec un requin à Halifax en 1992, codirigé les premières plongées en cage au Canada en 2000, et a été la première personne à filmer un requin du Groenland nageant librement en 2003.