Le requin blanc est sans contredit le squale le plus connu et le plus redouté au monde, et à l’insu de beaucoup de gens, il est un résident saisonnier des côtes est et ouest du Canada depuis très longtemps. Contrairement à la société canadienne d’aujourd’hui, il n’était pas étranger aux peuples préhistoriques de la Péninsule Maritime, ainsi qu’à la Première Nation Mi’kmaq qui le connaissait sous plusieurs noms tels que wabinmek‘wa. Le requin blanc revêtait une importance particulière pour les peuples autochtones de la péninsule qui englobait les provinces maritimes, le golfe et l’estuaire du Saint-Laurent, ainsi que certaines parties de la Nouvelle-Angleterre. Cette relation qui dura des milliers d’années est attestée par la présence de dents de requin blanc qui ont été trouvées dans des contextes mortuaires et rituels jusqu’à la présente région de Montréal, et datant de 5000 BP à 950 BP.
Nous ne croyons donc pas que la présence du requin blanc dans le Saint-Laurent soit liée de façon significative aux changements climatiques. L’augmentation récente des observations dans l’Atlantique Nord-Ouest résulte plus probablement du statut protégé du requin blanc et de l’une de ses proies principales—les phoques—ainsi que de l’omniprésence des téléphones intelligents, des réseaux sociaux, et d’une forte augmentation de la recherche scientifique et des études de marquage. Cette tendance devrait se poursuivre tant que le requin blanc sera une espèce protégée et que les humains prendront la mer.
Reproduction des mâchoires d’un requin blanc femelle de 5,93 m (19’6″).
Les mâchoires contiennent 230 dents (5 rangées de 46).
Photo de Bone Clones (CC BY-SA 3.0)
OBJECTIFS SCIENTIFIQUES
Ce projet fait partie d’un programme de recherche et de conservation sur le requin blanc (Carcharodon carcharias) aux Îles-de-la-Madeleine et dans le golfe du Saint-Laurent. Cela comprend un volet de recherche scientifique pour étudier le comportement du requin blanc, son abondance et sa distribution dans le Saint-Laurent, ainsi que comprendre sa place dans l’écosystème et ses interactions avec l’activité humaine. Le programme vise également à créer une base de données visuelle du golfe du Saint-Laurent sous forme de photographies et de vidéos permettant l’identification des individus observés, incluant leur localisation, leur sexe et leur taille. Les données acoustiques et visuelles permettront de mieux comprendre la migration du requin blanc et d’estimer sa population dans le Golfe. Des rapports décrivant les activités et les méthodes de recherche seront publiés quotidiennement dans le journal d’expédition. Brion23 fera également l’objet de productions multimédias pour sensibiliser le public sur le requin blanc, sa présence historique dans le golfe, ainsi que la nécessité de le protéger et de préserver son habitat.
* Aucun requin ne sera capturé ou retenu d’aucune manière. Les émetteurs seront installés par des scientifiques expérimentés sur des requins nageant librement le long du navire d’expédition.
¹ California Fish and Game, 73 (3): 163–168, figs 1–3.
² Compagno, L., Dando, M., Fowler, S. (2005). Sharks of the World. Collins, 368 p.
³ Hamady LL, Natanson LJ, Skomal GB, Thorrold SR. (2014). Vertebral Bomb Radiocarbon Suggests Extreme Longevity in White Sharks. PLoS ONE 9(1): e84006. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0084006 Refutation of lengths of 11.3, 9.0, and 6.4 m. attributed to the white shark, Carcharodon carcharias.
Mŭnagĕsŭenook
Mŭnagĕsŭenook
‘Îles balayées par les vagues.’
Pendant des milliers d’années, l’île de Brion a abrité un nombre incalculable de morses, de phoques et d’oiseaux marins, dont le grand pingouin. Une telle abondance, ainsi que la présence importante de thons rouges, attiraient de redoutables prédateurs tels que l’orque, le requin blanc et même l’ours blanc. Les peuples chasseurs-cueilleurs de l’Archaïque maritime puis la Première Nation Mi’kmaq étaient également des voyageurs saisonniers vers l’archipel des Îles-de-la-Madeleine où ils chassaient les mêmes proies que le requin blanc. Lorsque Jacques Cartier arriva pour la première fois à Brion en 1534, il parla de morses et d’ours, et d’innombrables oiseaux de mer. Il rencontra ensuite quarante à cinquante canots de mer transportant plus de 300 hommes, femmes et enfants pêchant et chassant le phoque à l’embouchure de la baie des Chaleurs. En 1731, sur ce qui est maintenant l’Île-du-Prince-Édouard, un chaman Mi’kmaq nommé Lkimu (alias Arguimaut) parla d’un mauvais poisson qui attaquait les bateaux et dévorait leurs occupants au père Pierre-Antoine-Simon Maillard (1710-1762). Une autre histoire venant également du golfe décrit les dents avec une telle précision qu’elle laisse peu de doute sur l’identité du coupable, le requin blanc.
Pourquoi Brion ?
Pourquoi Brion ?
Nous avons choisi l’île Brion en raison de la présence prévisible du requin blanc, qui s’y rassemble de façon saisonnière pour profiter de l’abondance de phoques. Les nappes de matières fécales et autres sécrétions corporelles émanant des phoques s’étendent sur des kilomètres au large de l’île, dépassant de loin la puissance et la portée des attractifs, alias kéta, utilisés pendant nos expéditions. L’usage d’attractifs est donc uniquement nécessaire pour rapprocher les requins du bateau et ne devrait avoir aucun effet significatif sur les individus qui ne sont pas déjà à proximité.
Contrairement au morse, à l’ours blanc et au grand pingouin, le requin blanc pourrait être en voie d’entreprendre son grand retour et ainsi rétablir ses anciens territoires de chasse dans le golfe du Saint-Laurent, notamment à l’île Brion.
L’île Brion est donc le meilleur endroit pour réaliser cette étude dans le golfe. C’est une île relativement isolée sans occupation humaine et elle abrite une importante population de phoques d’environ 10 000 individus. Un si grand nombre de pinnipèdes se rassemblant au même endroit crée un couloir olfactif irrésistible pour le requin blanc. De plus, les données de télémesure du groupe américain Ocearch¹ rapporte la présence quasi ininterrompue de plusieurs requins blancs équipés d’émetteurs satellites près de l’île Brion de la mi-juillet au début novembre au cours des quatre dernières années (2019-2022). Étant donné que seule une faible proportion de requins blancs de la population de l’Atlantique Nord ont été marqués à ce jour², nous pensons que plusieurs autres requins pourraient également s’être retrouvés à proximité de l’île Brion au même moment.
La consultation des pêcheurs madelinots nous a permis de mieux comprendre les habitudes des phoques sur l’île Brion, de savoir où ils se rassemblent et se déplacent. Nous avons également étudié les courants dominants, les mouvements de l’eau et les vents autour de l’île, ce qui nous a permis de prédire l’emplacement et la trajectoire du couloir olfactif produit par les phoques. La faible profondeur et la clarté des eaux entourant l’île offrent des conditions idéales pour repérer et observer les animaux, ainsi que pour prendre des photos. Les requins et les phoques sont ainsi repérés des airs et à plus grande distance à l’aide de drones et leur comportement peut être observé et analysé à distance par l’équipe scientifique. Enfin, les nombreuses baies de l’île Brion devraient offrir un abri contre la plupart des directions de vent nous permettant ainsi d’effectuer les opérations et de rester sur place sans interruption pendant toute la durée de l’expédition. Comme la majeure partie de l’île fait partie de la réserve écologique de l’Île-Brion, nous avons obtenu un permis scientifique du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (Direction des aires protégées) afin d’être autorisés d’aller à terre pour échantillonner les carcasses de phoques résultant des attaques de requins.
¹ Ocearch Shark Tracker : https://www.ocearch.org/tracker
² G. Bastien, G. Bastien, A. Barkley, A. Barkley, J. Chappus, J. Chappus, V. Heath, V. Heath, S. Popov, S. Popov, R. Smith, R. Smith, T. Tran, T. Tran, S. Currier, S. Currier, D.C. Fernandez, D. Fernandez, P. Okpara, P. Okpara, V. Owen, V. Owen, B. Franks, B. Franks, R. Hueter, R. Hueter, D.J. Madigan, D. Madigan, C. Fischer, C. Fischer, B. McBride, B. McBride, & N.E. Hussey, N. Hussey. (2020). Inconspicuous, recovering, or northward shift: status and management of the white shark (Carcharodon carcharias) in Atlantic Canada. Canadian Journal of Fisheries and Aquatic Sciences, 77, 1666-1677. doi: 10.1139/cjfas-2020-0055
PLONGÉE
SCIENTIFIQUE
PLONGÉE
SCIENTIFIQUE
Les opérations de plongée scientifique sont restreintes à la cage d’observation de requins en raison de la présence continue d’attractifs naturels émanant des colonies de phoques à proximité et de l’utilisation d’appâts pendant la journée. Les plongeurs dans la cage utilisent un système de narguilé alimenté en air à partir de la surface conçu sur mesure pour Brion22 par Sherwood Scuba. L’expédition utilise la cage d’observation de requins de l’ORS, fabriquée par le Centre de formation professionnelle Paul-Rousseau en 2000, puis mise à jour par le Centre national intégré du manufacturier intelligent (CNIMI) en 2022.
Les caractéristiques et les procédures d’utilisation de la cage sont strictement conformes au protocole de plongée en cage de l’ORS, qui est largement basé sur les réglementations gouvernementales de la Nouvelle-Zélande et de l’Afrique du Sud, ainsi que sur l’expérience acquise lors de nos précédentes expéditions au Canada et outremer. Tous nos équipements de plongée, de prise d’images, et de recherche ont été sélectionnés en fonction de leur fiabilité et de leur utilisation éprouvée dans les conditions les plus intenses.
⚠️
Avis aux plongeurs récréatifs et plaisanciers :
Brion23 est une expédition scientifique menée sous licence de Pêches et Océans Canada (MPO). Il est strictement interdit d’effectuer des opérations de plongée en cage ou d’interagir avec le requin blanc sans permis en vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP). La LEP interdit de tuer, de nuire, de harceler, de capturer, de prendre, de posséder, de collectionner, d’acheter, de vendre ou d’échanger des individus d’une espèce en voie de disparition, menacée ou disparue du pays, y compris le requin blanc (population de l’Atlantique) qui est désigné en tant qu’espèce en voie de disparition. De plus, et en vertue de la Loi sur la conservation du patrimoine naturel (LCPN), l’accès à la réserve écologique de l’Île-Brion est aussi strictement interdit sans l’obtention préalable d’un permis de recherche scientifique du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCCFP).
Permis scientifique du MPO (LEP) : QUE-LEP-013-2023
Autorisation de recherche du MELCCFP (LCPN) : 3906-RE-R; 5141-03-11 [1.2]
Permis scientifique du MPO (LEP) :
QUE-LEP-013-2023
Autorisation de recherche du MELCCFP (LCPN) :
3906-RE-R; 5141-03-11 [1.2]
Le requin blanc pourrait être en augmentation dans le Saint-Laurent. Y a-t-il lieu de s’inquiéter?
Le Canada n’est pas connu pour ses nombreuses espèces de requins ni pour ses rencontres avec des requins entraînant des blessures ou la mort. Et pourtant, son premier récit écrit (1672) relatant l’abondance de requins et de raies dans le Saint-Laurent, ainsi qu’une anecdote relatant une attaque mortelle de requin en 1691, précèdent de plusieurs siècles la Confédération et les changements climatiques.
Il existe également des preuves convaincantes que des rencontres préhistoriques entre les peuples autochtones et les requins, y compris des attaques mortelles, ont eu lieu pendant des millénaires dans les provinces maritimes, ce qui renforce notre conviction que le soi-disant retour du requin blanc au Canada atlantique et dans le Saint-Laurent s’apparente davantage à un semblant de normalité qu’à un effet significatif des changements climatiques. Néanmoins, le risque d’être mordu, et encore moins tué par un requin au Canada ou ailleurs demeure extrêmement faible.
L’Observatoire des requins du Saint-Laurent (ORS) publie et maintient le Registre canadien des attaques de requins, la première et unique base de données de toutes les rencontres documentées avec des requins qui ont entraîné des blessures ou des décès au Canada, y compris les incidents avec des requins blancs dans le Golfe. Le registre présente également des informations comportementales ainsi que des recommandations de sécurité préventives pour toute personne s’aventurant là où des requins peuvent être présents au Canada atlantique, au Québec, en Colombie-Britannique, dans la baie d’Hudson ou dans l’Arctique canadien.
Le requin blanc pourrait être en augmentation dans le Saint-Laurent.
Y a-t-il lieu de s’inquiéter?
Le Canada n’est pas connu pour ses nombreuses espèces de requins ni pour ses rencontres avec des requins entraînant des blessures ou la mort. Et pourtant, son premier récit écrit (1672) relatant l’abondance de requins et de raies dans le Saint-Laurent, ainsi qu’une anecdote relatant une attaque mortelle de requin en 1691, précèdent de plusieurs siècles la Confédération et les changements climatiques.
Il existe également des preuves convaincantes que des rencontres préhistoriques entre les peuples autochtones et les requins, y compris des attaques mortelles, ont eu lieu pendant des millénaires dans les provinces maritimes, ce qui renforce notre conviction que le soi-disant retour du requin blanc au Canada atlantique et dans le Saint-Laurent s’apparente davantage à un semblant de normalité qu’à un effet significatif des changements climatiques. Néanmoins, le risque d’être mordu, et encore moins tué par un requin au Canada ou ailleurs demeure extrêmement faible.
L’Observatoire des requins du Saint-Laurent (ORS) publie et maintient le Registre canadien des attaques de requins, la première et unique base de données de toutes les rencontres documentées avec des requins qui ont entraîné des blessures ou des décès au Canada, y compris les incidents avec des requins blancs dans le Golfe. Le registre présente également des informations comportementales ainsi que des recommandations de sécurité préventives pour toute personne s’aventurant là où des requins peuvent être présents au Canada atlantique, au Québec, en Colombie-Britannique, dans la baie d’Hudson ou dans l’Arctique canadien.
EcoMaris offre des programmes et des services pour découvrir le Saint-Laurent à bord d’un voilier-école, l’EcoMaris, qui servira de navire d’expédition pour Brion23. Au départ des Îles-de-la-Madeleine, EcoMaris jettera l’ancre au large de l’île Brion pendant deux semaines.
Le navire peut transporter et déployer la cage d’observation de requins rapidement et avec un minimum d’effort. En demeurant sur place—si l’état de la mer le permet—pendant toute la durée de l’expédition, l’équipe scientifique pourra surveiller le site sans interruption et ainsi augmenter les chances de repérer et de marquer des requins.
EcoMaris offre des programmes et des services pour découvrir le Saint-Laurent à bord d’un voilier-école, l’EcoMaris, qui servira de navire d’expédition pour Brion23. Au départ des Îles-de-la-Madeleine, EcoMaris jettera l’ancre au large de l’île Brion pendant deux semaines.
Le navire peut transporter et déployer la cage d’observation de requins rapidement et avec un minimum d’effort. En demeurant sur place—si l’état de la mer le permet—pendant toute la durée de l’expédition, l’équipe scientifique pourra surveiller le site sans interruption et ainsi augmenter les chances de repérer et de marquer des requins.
ÉQUIPAGE
ÉQUIPAGE
Paul Boissinot (ORS)
Officier de sécurité de plongée
Charles-Olivier Bonnardeaux (EcoMaris)
Capitaine
Auguste Courtin (EcoMaris)
Vidéaste d’expédition
Jeffrey Gallant, MSc (Observatoire des requins du Saint-Laurent)
Chef d’expédition | Directeur scientifique
Luka Gallant (Distillerie du 29 octobre)
Vidéaste d’expédition
Marc-André Gaudreau, PhD (UQTR)
Ingéniérie | Logistique de cage
Davy Hay Gallant (Distillerie du 29 octobre)
Photographe d’expédition
Thomas Leszkiewicz, BSc (Observatoire des requins du Saint-Laurent)
Science | Télémesure acoustique
Lise Nadon (EcoMaris)
Équipage
Simon Paquin (EcoMaris)
Chef d’expédition | EcoMaris
Marco & Marc-Olivier Turbide
Bateau de soutien | Attractifs | Représentant pêcheries
Achille Villeneuve (EcoMaris)
Équipage
Alice Zerini-Le Reste (EcoMaris)
Équipage
SOUTIEN
SOUTIEN
Bait Masters (PEI) | Têtes de thons
Marc-André Baril (UQTR) | Ingéniérie de la cage et du leurre
Normand Deraspe | Conseiller pêcheries et soutien logistique
Chris Harvey-Clark, PhD (Dalhousie University) | Conseiller scientifique
Patricia Hay Gallant (ORS) | Comptabilité
Mauricio Hoyos, PhD (Pelagios Kakunja) | Conseiller scientifique
William Messier (UQTR) | Ingéniérie de la cage et du leurre
Lyne Morissette, PhD (Balad’eau) | Sensibilisation du public
Martin Pinard (FBL) | Comptabilité