Description : Un requin a été observé en train de traquer puis de se précipiter vers un garçon pataugeant dans l’eau, Harry Menzies, qui a couru pour se mettre en sécurité après avoir été averti par un passant. Le requin s’est échoué et a ensuite été tué par le sauveteur du garçon qui a exposé la carcasse à l’intérieur d’une tente de fortune pour un droit d’entrée de 10 ¢. Le requin a été décrit comme une véritable variété hawaïenne mangeuse d’hommes.
Extrait du Vancouver Daily World (6 juillet 1925) :
L’animal le plus étrange et le plus vicieux qui soit jamais sorti de la mer dans les eaux adjacentes à la côte de la Colombie-Britannique a été tué à l’embouchure de False Creek par Harry Dusenberry à 20h00 la nuit dernière. Les circonstances qui s’y rattachent rappellent les histoires de Kingsley sur la vie dans les mers du sud. Le petit Harry Menzies, le fils de 8 ans d’Ed. Menzies, contremaître à l’usine de Hastings, pataugeait dans l’eau parmi les bardeaux juste en dessous de l’usine de Cotton, près de l’embouchure de False Creek à marée haute. Un autre petit compagnon jouait avec lui à ce moment-là, mais était sur le rivage en train de jeter des pierres dans le ruisseau et de prêter peu d’attention à ce qui se passait. Ed Dusenberry, qui vit à proximité et possède plusieurs petits bateaux à des fins d’excursion, regarda jouer le garçon. Son attention fut dirigée vers une vague s’approchant du petit garçon, comme si un autre garçon nageait sous l’eau pour le saisir par la jambe. Observant plus attentivement à mesure qu’il s’approchait—lentement d’abord, puis de plus en plus vite—il vit une nageoire dorsale se dresser au-dessus des eaux boueuses de False Creek et conclut immédiatement que le garçon risquait de perdre la vie. En criant au garçon de sortir de l’eau, il attrapa une gaffe et se dirigea vers la plage. Le garçon courut : le requin suivit, et en trois secondes s’échoua fermement. M. Dusenberry n’a pas perdu de temps. Il a attrapé le requin au flanc avec le crochet de la gaffe et a essayé de le tirer à terre. Enragé par la douleur, le requin ouvrit la bouche et montra l’ensemble de dentisterie le plus formidable qu’il ait jamais vu—comme on pourrait s’y attendre dans un horrible cauchemar. Sans hésitation, M. Dusenberry a enfoncé la gaffe dans la gorge de l’animal et dans ses entrailles. Par la suite, lorsque des mesures ont été prises, il a été constaté que la perche était descendue à huit pieds dans la gorge du requin. Lorsqu’un requin est tenu tête contre terre, il est impuissant à se libérer—plus il bat l’eau, plus vite il s’échoue. M. Dusenberry le savait et il s’est contenté pendant un moment ou deux de s’agripper à la perche et de lutter avec le monstre vicieux du mieux qu’il pouvait. Entre-temps, les garçons avaient donné l’alerte et les secours sont arrivés. Trois ou quatre autres hommes se sont emparés de la perche et ont entrepris de tirer le requin à terre mais ils n’ont réussi qu’à l’éventrer. Ses luttes ont été instantanément affaiblies, mais il a continué à se débattre et à trembler pendant une heure et demie après son échouage. Des témoins oculaires disent qu’il a dû saigner près d’un baril de sang. Lorsque ses luttes ont finalement cessé, une ligne a été attachée à sa queue. Ce matin, ils ont entrepris de le ramener à terre, mais il s’est vite avéré que ce n’était pas une tâche facile. Enfin, moyennant l’usage d’une ligne autour de son corps, 20 hommes ont réussi à le faire remonter sur l’herbe à quelques mètres au-dessus de la marée haute. M. Dusenberry, qui est un homme clairvoyant, a immédiatement reconnu les possibilités de type Barnham et a improvisé une tente avec de vieilles voiles qu’il a jetées sur le requin et sur la porte de laquelle il a mis « 10 cents pour voir le gros requin ». Pendant la journée, plusieurs centaines de personnes ont visité la tente pour contempler le monstre et aucun homme ne s’est encore présenté pour témoigner avoir vu un plus gros requin. Le capitaine Anderson, qui était présent lorsque le journaliste est arrivé et qui a eu l’occasion de voir des animaux dans de nombreuses mers, dit qu’il s’agit sans aucun doute de la véritable variété hawaïenne mangeuse d’hommes. Dans ses eaux natales, qui sont à 3400 milles de l’endroit où il a été pêché, il serait connu sous le nom de requin de vase, une espèce de requin blanc mais plus gros et plus vicieux. De tels animaux ne sont pas originaires de ces eaux alors ce fut probablement le seul à avoir été vu sur la côte pacifique de l’Amérique du Nord ; certainement pas en Colombie-Britannique. Pour arriver ici, il a dû suivre le saumon ou un navire depuis les mers du sud. [Traduit dans son format original par Jeffrey Gallant | ORS]
Évaluation : Sur la base de la taille, du comportement et de l’emplacement signalés, nous avons conclu qu’il s’agissait probablement d’un requin griset (Hexanchus griseus). La nageoire dorsale observée à la surface pourrait avoir été la nageoire caudale (queue) du requin. L’image de mauvaise qualité accompagnant la manchette du 7 juillet montre un requin avec un rostre (museau) ressemblant à un requin griset ou à un requin dormeur du Pacifique (Somniosus pacificus)—dont le cousin presque identique, le requin du Groenland,Somniosus microcephalus, est bien connu pour traquer ses proies de la manière décrite dans l’histoire, à la fois dans l’océan Arctique et dans le Saint-Laurent. Toutefois, la position de la nageoire dorsale ainsi que l’ouverture de la gueule ressemblent davantage au requin griset. La taille de la nageoire dorsale élimine le requin pèlerin.
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